Chant des villageois

L’histoire qui suit est tirée de l’autobiographie de Rinchèn Tseundru.

Un été une grande famine s’abattit sur nous. Les gens de la région décidèrent entre eux de demander conseil auprès du lama et m’envoyèrent des offrandes.

Mais, [des villageois affamés] dérobèrent les offrandes et s’en prirent aux moines, si bien que le yak protecteur du monastère tourna sa colère contre le village. Comme les moines s’organisaient pour livrer bataille aux villageois, j’invitai tout le monde à se rassembler.

Je mis d’abord mon manteau, je hissai sur mon dos un sac contenant des textes et chantai :

En vous adressant au noble maître, le guide,
Vous pourrez, de fait, parcourir le chemin.

En tournant l’attention vers le saint enseignement,
vous pourrez, de fait, écouter de bons conseils.
En mettant fin aux idées fausses dans votre esprit,
Vous pourrez, de fait, développer la certitude.

En accordant vos actes avec le saint enseignement,
Vous pourrez, de fait, acroître votre activité vertueuse.

En laissant la victoire à l’autre,
Vous pourrez, de fait, former votre esprit.

En maîtrisant votre propre esprit et non celui des autres,
Vous pourrez, de fait, ne plus vous inquiéter de votre image.

En vous considérant comme un hôte où que vous soyez,
vous pourrez, de fait, diminuer l’attachement.

En acceptant nourritures et vêtements les plus pauvres,
Vous pourrez, de fait, rester détendus, corps et esprit.

Après ce chant, je me rendis dans un ermitage de montagne.

Les moines abandonnèrent leurs plans de guerre et
le yak protecteur détourna son attention du village.

Le chevalier de l’éveil Grande Compassion remarqua :

Tu as versé l’eau fraîche de l’amour
Sur le grand brasier de la colère.
Excellent, ô yogi !

Le désir et la colère sont les racines
Du cycle des existences et de sa transcendance.

Diminue tes attachements, ô yogi !